Le Nouvel An vietnamien ou le Tết Nguyên Đán est qualifié comme étant la fête la plus importante célébrée par le peuple Việt au cours de l’année. Sa durée peut en effet s’étaler sur plusieurs jours selon chaque famille. Beaucoup de gens ne décident de reprendre leurs activités professionnelles quotidiennes qu’après une semaine entière ou que lorsque leurs ressources financières sont épuisées.
Nous vous invitons à lire cet article pour découvrir comment se déroule cette fête traditionnelle qui fait la renommée du Vietnam.
Si l’on regarde le calendrier lunaire vietnamien, le Tết Nguyên Đán, littéralement traduit par la « fête du premier matin » ou la « fête du premier jour de l’année », débute exactement à la moitié de la nuit qui sépare le dernier jour du dernier mois lunaire du 1er jour du 1er mois lunaire.
Cette date tombe entre le 21 Janvier et le 20 Février, le jour de la première nouvelle lune qui sépare le solstice d’hiver et l’équinoxe du printemps.
Les préparations avant les fêtes
Les préparations aux fêtes commencent 7 jours avant ce Nouvel An vietnamien, soit le 23ème jour du 12ème mois.
Une semaine avant les fêtes du Nouvel An, tous les foyers vietnamiens sont déjà ornés de fleurs et d’objets de décoration de couleurs vives et chatoyantes, prêts à accueillir avec joie cette grande cérémonie. Les tons les plus chauds comme le rouge sang, l’orange vif et le jaune doré sont les plus appréciés. L’on sent également partout les parfums enivrant des arômes et des bâtonnets d’encens. L’ensemble est agrémenté de musiques traditionnelles.
Les petits comme les grands se revêtiront de leurs plus belles parures pour fêter le Nouvel An vietnamien. Ce sont surtout les couturiers de la région qui s’en réjouissent. En effet, toutes les catégories sociales aussi bien les moins aisés que les riches dépensent des sommes colossales pour s’offrir de nouvelles tenues.
Les premiers rituels commencent au cours de ces préliminaires. Toutes les familles se réunissent chez elles afin de présenter des offrandes aux génies gardiens de la maisonnée qui vont faire un rapport annuel des comportements des humains aux Dieux. Il incombe alors aux chefs de la maison d’allumer des chandelles sur l’autel et de brûler des encens. Des présents, comme des friandises et des articles en papier où figurent des représentations graphiques comme un cheval, un héron ou une robe de cour, sont ensuite offerts sur des plateaux. C’est la cérémonie de « l’adieu aux Dieux Lares ».
Les chefs de famille adressent de nouveau leurs prières, en se prosternant devant l’autel des ancêtres et en suppliant aux génies de rendre favorables leurs rapports annuels aux Dieux. Les esprits sont ensuite invités à déguster avec des liqueurs aromatisées les délicieux mets concoctés avec soin par les femmes. Les supplications s’achèvent et les offrandes en papier doivent être brûlées. Une fois la libation des esprits terminée, c’est au tour des humains maintenant de manger. Les enfants descendent ainsi les plats de mets et toute la famille se met à les savourer dans une ambiance conviviale et festive.
Les préparatifs des fêtes ne s’arrêtent pas là. Tous les jours jusqu’au Nouvel An vietnamien, enfants et parents se chargent de leurs tâches respectives. Les femmes s’occupent de ce qui est à manger et de la décoration intérieure, les enfants ont pour mission d’astiquer les objets décoratifs en bronze pour les faire briller. Et par tradition, dans chaque maison s’installe au moins une vase de fleurs de prunus de couleur rose (hoa đào) pour les gens du Nord et de fleurs jaunes d’une variété d’abricotier (hoa mai) pour les gens du Sud et du Centre. Ces fleurs sont l’un des symboles incontournables du Tết Nguyên Đán.
Durant les fêtes
Le dernier jour du dernier mois lunaire, à partir de midi, tout le monde s’empresse à rentrer chez soi. Les rues se vident petit à petit et le silence commence à s’installer. Toutes les familles vietnamiennes se réunissent devant l’autel pour attendre avec impatience les mânes de leurs ancêtres.
Selon la tradition, devant chaque maison se dressait une perche de bambou allongée munie d’une touffe de feuilles et de divers objets comme des tubercules d’ail, une branche de cactus ou une bande de tissu rouge… Elle s’appelle cây nêu en vietnamien. Celle-ci constitue un signal pour les défunts afin qu’ils ne se perdent pas en route et en même temps un avertissement pour les esprits malfaisants de ne pas approcher du foyer. Cette tradition est encore plus ou moins suivie à la campagne mais elle est disparue en ville.
Les cérémonies se feront à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de la maison. Celles à l’extérieur sont destinées aux divinités célestes très pressées qui n’ont pas le temps pour entrer dans la maison et celles à l’intérieur sont consacrées aux ancêtres de la famille. Des coupes chargées d’offrandes de fruits, des fleurs et des assiettes copieusement garnies de différents plats traditionnels sont déposées sur les autels et des encens aux parfums grisés sont brûlés continuellement.
C’est à minuit tapante que les âmes des ancêtres reviennent sur la terre pour rencontrer les vivants. Toute la famille se met debout devant l’autel pour les accueillir. Chacun se prosterne à tour de rôle pour les saluer. Le chef de famille invite par la suite les esprits à manger avec les vivants le premier repas du printemps.
Le jour du nouvel an vietnamien, dès le lever du soleil, toute la famille se réveille pour se souhaiter ses meilleurs vœux de bonheur, longévité et de prospérité. Lors de cette séance de voeux, les adultes offrent affectueusement aux enfants des enveloppes rouges décorées de jolis dessins contenant des billets d’argent tout neufs. C’est le moment préféré de tout le monde, surtout des petits ! Puis la plupart des vietnamiens se rendent aux pagodes pour faire des prières. Pour ceux qui restent chez eux, la présentation d’offrandes sur les autels des ancêtres continue.
Au cours de cette première journée de la nouvelle année, tous les faits et gestes font l’objet d’une interprétation. Il est important alors de faire très attention au risque de porter malheur aux autres ou à la famille entière. Se disputer avec quelqu’un, proférer des paroles indécentes, dire un nom d’animal, balayer la maison ou casser la vaisselle sont signes de mauvais augure. Ce qu’il faut faire, c’est remercier ses instruments de travail pour qu’il apporte plus chances et de rendements pour la nouvelle année.
Après les fêtes
Les fêtes du Nouvel An vietnamien se poursuivent jusqu’au crépuscule du 3ème jour du 1er mois. Entre temps, les vietnamiens continuent à faire la fête. Les jeux de hasard, les théâtres traditionnels et les devinettes sont les activités de loisirs les plus pratiquées.
Lorsque le Tết Nguyên Đán arrive à son terme, toute la famille se réunit de nouveau devant l’autel pour faire leur adieu aux âmes des défunts. Afin de faciliter leur retour dans l’au-delà, le chef de la maison brûle des papiers votifs en argent et en or. La perche de bambou, éventuellement placée devant la maison, ne sera cependant retirée que le 7ème jour du 1er mois.
Même si les différents rites ont pris fin, bon nombre de foyers continuent encore de faire la fête et s’amuser durant plusieurs jours avant de reprendre leurs activités professionnelles.
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